Avant de bouger l’eau pour récolter le gros sel, la fleur est donc cueillie délicatement à la surface à l’aide d’une « lousse ». Ce travail était il y a quelques décennies réservé aux femmes et aux enfants.

Cette opération si elle doit être délicate, ne nécessite un coup de main que pour aller vite. Un néophyte peut très bien ramasser de la fleur de belle qualité, c’est pourquoi cette tâche est bien souvent déléguée. Un œillet produit en moyenne 2 kg de fleur de sel par jour.

Une fois la fleur de sel récoltée, la prise du gros sel est possible, elle ne peut se faire que dans l’eau directement sur le fond, « la mère » du marais. Avant la prise, le paludier alimente alors les œillets en eau en ouvrant l’aderne celle-ci va se déverser par le délivre, et procurer la saumure nécessaire à la formation du sel pour la prise du lendemain. Cette opération s’appelle « douiller ou dourer », terme venant du breton « dour » qui signifie eau.

Le paludier pousse ensuite l’eau contenue dans l’œillet (à l’aide d’un outil appelé « lasse ») celle-ci entraîne le sel vers la plateforme centrale appelée « ladure ».

Le sel est ensuite tiré vers cette plateforme, puis « hâlé » pour former une  « ladurée ». Le hâlge (opération qui consiste à sortir le sel de l’eau une fois amassé devant la ladure), était traditionnellement réservé aux paludières qui travaillaient avec un « boutoué » plus petit que le lasse. La prise, plus pénible, était réservée aux hommes. Cette opération nécessite savoir-faire, habileté et force physique, la qualité du sel en dépend, elle ne peut donc pas être déléguée. Le geste doit être précis, délicat et puissant, cette intervention est bien codifiée et trop peu de paludiers aujourd’hui, le font de la belle manière des paludiers du bourg de Batz ! Il nous fallait bien des années d’apprentissage avant d’être autorisé à effectuer la récolte « prendre un marais ».

Ce gros sel est formé de cristaux de couleur grise et de taille variable, suivant les conditions météorologiques.

La récolte de ce gros sel ou sel gris est de 50 à 70 kg par jour, par œillet.

Ce sel s’égoutte sur la ladure puis est « porté » (en référence à l’ancienne technique sur la tête) à l’aide d’une brouette, mis en tas appelés « mulon » sur le « trémet ».

Le sel est ensuite « roulé » à l’aide d’engins agricoles pour être stocké dans des « magasins à sel » ou des silos sous bâches.